Un an (ou presque) après la parution de son dernier récit «New York banlieue de Tunis», l’écrivain et journaliste Taoufik Ben Brik revient, en ce mois d’octobre, avec un nouveau livre intitulé «Les Frères Hamlet» (aux éditions Dar El Janoub, Sud Editions). Un livre «inclassable», dans lequel Ben Brik critique la scène politique actuelle dans un cadre shakespearien.
Côté forme, «Les Frères Hamlet» est une œuvre de 176 pages, en 13 chapitres ou «situations», écrite en langue arabe, et présentée par le professeur Hamdi Hmaidi. Comme «Kalb Ben Kalb» (2013) et «Kawasaki» (2014), l’illustration de la couverture des «Frères Hamlet» a été réalisée par le caricaturiste «Z».
Le titre du livre, «Les Frères Hamlet», est une sorte de combinaison entre «Les Frères Karamazov» (1879-1880), de l’écrivain russe Fiodor Dostoïevski, et «Hamlet» (1603), du dramaturge anglais William Shakespeare.
«Le livre met en relief la dichotomie existante entre le pouvoir céleste et le pouvoir terrestre. D’un côté, il y a le grand Shakespeare et sa théorie du pouvoir divin, et de l’autre, Fiodor Dostoïevski, où cette théorie du pouvoir est plutôt humaine», explique Ben Brik.
Pour ce qui est de la concomitance de la parution de son livre avec la célébration du 400e anniversaire de la mort de William Shakespeare cette année, l’auteur assure que «ceci n’est qu’une pure coïncidence».
Dans ce même cadre, Taoufik Ben Brik refuse la classification de son livre sous un genre littéraire bien précis. «Je conçois la réalité et la fiction à ma façon. Je ne veux pas qu’on m’impose un cadre rigide», s’est-il justifié, dernièrement.
Sur le fond, avouons que ce livre n’est pas à la portée de tous les lecteurs. C’est un condensé de références culturelles, de langage soutenu… un vrai labyrinthe.
Ben Brik déploie, dans cette œuvre, son talent d’écrivain et sa maîtrise des tragédies de Shakespeare pour retracer, quoi qu’indirectement, l’actualité politique du moment. Il nous parle du machiavélisme des décideurs politiques, de la soumission des intellectuels au dictateur, de l’assassinat politique, de la trahison, etc.
Côté personnages, mis à part (Les Frères Hamlet), qui sont respectivement «Hamlet», «Macbeth» et «le Roi Lear», un autre protagoniste, «Sarek Al Adab» (ou «le voleur de la littérature»), est omniprésent.
Ses apparitions sont généralement des clins d’œil attribuées aux grands poètes et écrivains arabes, tels Al-Mutanabbi, Al-Jahedh, Abou Nawas, Omar Khayyam, Antara Ibn Chadded, Badr Shakir al-Sayyab, Mahmoud Darwich, et mêmes tunisiens, tels Mahmoud Messadi et Sghaier Ouled Ahmed. Des noms qui ont marqué la littérature arabe et auxquels Taoufik Ben Brik rend hommage.
Sinon, on a l’impression qu’à travers ce livre –comme dans la plupart de ses livres post-14 janvier, d’ailleurs–, et via ses tentatives de créer un nouveau genre littéraire et un nouveau style d’écriture, Ben Brik cherche une reconnaissance auprès des cercles littéraires… une reconnaissance qu’il n’a pas trouvée dans les cercles politiques.
Slim MESTIRI