Pour la capitale des Aghlabides, l'année 2009 se termine comme elle avait commencé. En fanfare, avec la publication d'un "beau livre" intitulé "Kairouan, la durée", cosigné par le professeur Abdelwahab Bouhdiba et l'historien-éditeur, Mohamed Masmoudi à l'occasion de la clôture de la célébration de "Kairouan, capitale de la culture islamique". Un ouvrage de 200 pages, que les deux auteurs voulaient digne de Kairouan. Bouhdiba est un enfant de cette ville "profondément marqué" par contre, le coeur de Masmoudi "vibre ailleurs".Il n'en est pas moins attaché à cette ville pour y avoir eu "son premier choc esthétique". Ce qui l'a d'autant plus "mis en condition" pour engager la réalisation de ce livre "avec le riche matériel icononographique réuni".

Un ouvrage digne de Kairouan? plus qu'un livre, c'est une oeuvre d'art de 200 pages magnifiquement illustrée, bien imprimée (par Claudio Finzi) qui ne se contente pas d'être digne de cette ville. Elle fait honneur à l'édition tunisienne au même titre que l'encyclopédie de Kairouan publiée éditée par la Maison Arabe du Livre.

Comme l'écrit Mohamed Masmoudi dans sa préface, ce livre n'est pas "une présentation classique d’une ville prestigieuse saisie à travers ses monuments, ses richesses artistiques, ses figures historiques… et un peu aussi à travers son présent. Bien sûr, tout au long de son discours, l’auteur s’est attardé sur des monuments, sur des trésors d’art et aussi sur les grands personnages d’un passé lointain et aussi récent. Mais s'il porte ce savoir en lui et sait le rendre présent dans son écrit, on garde le sentiment qu’il n’est pas l’objet ultime de son intérêt. Bouhdiba le philosophe, le sociologue et l’anthropologue, Bouhdiba l’écrivain, veut par ce texte aller au-delà ; il s’engage et nous emmène dans une quête irrésistible. Une quête qu’il semble avoir toujours portée en lui, peut-être dès son plus jeune âge."

On retiendra notamment, sa description de la médina, "véritable prototype de distribution de l'espace dans la médina en terre d'islam". Les passages sur la Grande Mosquée sont particulièrement savoureux au point d'avoir l'impression de la redécouvrir. De même, les développements sur le Malekisme dont Kairouan a été le berceau au Maghreb avec l'Imam Sahnoun et Assad Ibn El Fourat, "ce malékisme de Souhnoun parfois excessif dans sa rigueur", mais aussi capable d'ouverture d'esprit et tolérance, progressiste aussi par les droits qu'il reconnait aux femmes, comme l'illustre le fameux contrat de mariage kairouanais, en somme, "un sunnisme humain et même joyeux", selon la formule de M. Masmoudi.