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Asma Abassi , 16 Apr 2015 09:01
Un beau livre pour une expo exceptionnelle ANA/CHRONIQUES de Aïcha Filali
«...Voilà un vaste théâtre ouvert sur l'explicite et l'informulé, sur le dit et le non-dit, où se joue la tragi-comédie de la vie moderne sur une scène aux décors chamarrés des temps révolus»
Ça bondait à la galerie Ammar Farhat, il y a une semaine. Pourtant, c'était un jeudi ! Pas très étonnant : c'était le vernissage d'ANA/Chroniques, la nouvelle exposition de Aïcha Filali. Et quand Aïcha Filali expose, c'est L'Evènement.
Cette fois, cette artiste, l'une des plus emblématiques et les plus prolifiques de sa génération, a mis les bouchées doubles et a joué les deux en un. L'exposition est accompagnée de la parution d'un livre, du même titre.
Publié par Sud Editions, cet ouvrage immortalise la quasi-totalité des œuvres exposées. Une trace physique d'une exposition éphémère par essence dans laquelle l'artiste dévoile avec précision ses motivations, ses intentions et sa démarche artistiques ainsi que les différentes étapes par lesquelles elle est passée pour aboutir au rendu final. «Habitée, comme toujours, par la chose sociale de mon pays, l'idée de départ de ce travail consistait à installer des "scènes de genre" puisées dans la vie quotidienne des citoyens tunisiens en détournant des miniatures anciennes et en les truffant de détails iconiques du présent», explique-t-elle. Et de conclure : «ANA/Chroniques vaut donc tant pour désigner la confusion chronologique entre plusieurs périodes de l'histoire, mais aussi pour nommer ce décalage entre des communautés qui ne font que coexister, et, in fine, pour pointer la matière même de l'art, à savoir des modes d'expression hybrides».
Beaucoup plus qu'un catalogue, ce beau livre est également étoffé, outre la présentation de Aïcha Filali, d'une approche réflexive signée par le non moins connu et emblématique Ali Louati. Dans son texte qu'il a intitulé «Temps éclaté et mythes contemporains», l'auteur, avec le recul nécessaire, s'attèle à une analyse fouillée et à une lecture de fond des œuvres poignantes de l'artiste. «Elle voudrait, tout particulièrement, communiquer avec ses concitoyens comme il sied de faire avec un corps vivant, une conscience éveillée au monde. Qu'elle adopte, à cette fin, l'éloge ou la satire, qu'elle joue le rôle du laudateur ou du contemplateur, la communauté est toujours là, appréhendée comme produit et achèvement de sa propre histoire spirituelle et matérielle», écrit-il. Il ne manquera pas, par ailleurs, de situer son travail dans les différentes mouvances de l'art contemporain.
Il aura fallu que Monia Masmoudi, qui a pris le flambeau de Sud Editions de son père,participât au projet de Aïcha Filali pour qu'ANA/Chroniques, le livre, voie le jour. La qualité du travail effectué est ici à saluer, vivement. C'est dire l'importance des mécènes dans la promotion de l'Art dans notre pays. Un rôle qui reste encore à étendre et à renforcer davantage.
Mot de la fin : ANA/Chroniques : une exposition à ne rater sous aucun prétexte et un livre à avoir absolument dans sa bibliothèque !
Source : Turess